AMIANTE DANS LES TOITURES

09-08-2025
AMIANTE DANS LES TOITURES
L’amiante a longtemps été utilisée dans la construction pour ses qualités isolantes, sa résistance au feu et sa durabilité. Malgré ses nombreuses qualités techniques, l’amiante est un ennemi invisible pour la santé. Bien que l'utilisation de l’amiante soit interdite en Belgique depuis 2001, de nombreux bâtiments plus anciens – maisons unifamiliales, fermes, hangars ou immeubles – possèdent encore des matériaux contenant de l’amiante, notamment dans les toitures. C’est pourquoi il est crucial de repérer sa présence et d’adopter les bonnes pratiques pour éviter tout risque d’exposition.
C’est quoi l’amiante et pourquoi a-t-elle été interdite?
L’amiante est un minéral naturel composé de fines fibres aux propriétés exceptionnelles. Il a été largement utilisé dans l’industrie et le bâtiment à partir de la fin du 19e siècle jusqu’à la fin du 20e siècle.
L’amiante était très utilisée car elle possède des qualités techniques très recherchées :
  • Ininflammable (résiste très bien à la chaleur et au feu)
  • Isolant thermique et acoustique
  • Résistant aux produits chimiques et à l’humidité
  • Bon marché
  • Facile à mélanger à d’autres matériaux (béton, ciment, plastique…)
Elle a été intégrée dans des milliers de produits : toitures, canalisations, isolants, revêtements muraux, dalles de sol, freins de voiture, etc.
Malgré ses avantages, l’amiante est hautement dangereuse pour la santé humaine. Ce danger réside dans ses fibres microscopiques, qui se détachent facilement et restent en suspension dans l’air lorsqu’un matériau contenant de l’amiante est cassé, usé, ou manipulé sans précaution.
Une fois inhalées, les fibres d’amiante peuvent se loger profondément dans les poumons et provoquer, parfois après 20 à 40 ans d’exposition, des maladies graves, telles que :
  • L’asbestose : une fibrose pulmonaire (durcissement des poumons)
  • Le cancer du poumon
  • Le mésothéliome : un cancer rare mais très agressif de la plèvre (membrane autour des poumons)
Il n’existe aucun seuil d’exposition sans risque, ce qui rend même de faibles quantités dangereuses si elles sont répétées.
Face aux preuves scientifiques de sa dangerosité, de nombreux pays ont progressivement interdit l’amiante.
  • En Belgique, l’utilisation de l’amiante est totalement interdite depuis 2001.
  • La Wallonie a lancé un plan de sortie de l’amiante, visant une élimination progressive dans les bâtiments d’ici 2032.
Pourquoi retrouve-t-on de l’amiante dans les toitures ?
Jusqu’à la fin des années 1990, l’amiante a été largement utilisé dans les toitures, souvent intégré au fibrociment, connu sous des marques comme Eternit. En Wallonie, ce matériau est fréquent dans :
  • Les plaques ondulées (toitures de granges, annexes, garages…)
  • Les ardoises artificielles posées sur les toits de nombreuses habitations
  • Les sous-toitures, bardages et conduits d’évacuation
Comment savoir si ma toiture contient de l’amiante ?
Si votre maison ou votre bâtiment a été construit avant 2001, il est possible que la toiture contienne de l’amiante. Voici quelques elements à prendre en compte:
  • Si la maison a été construite avant 1990 (et surtout avant 1985), il y a une forte probabilité que la toiture en fibrociment ou tôle ondulée contienne de l’amiante.
  • Entre 1990 et 2001, l’usage de l’amiante a diminué, mais il n’était pas encore interdit. Certains stocks anciens ou matériaux importés ont pu être encore utilisés. Le risque existe toujours.
  • Après 2001, l’amiante est interdit en Belgique. Il est très peu probable (mais pas totalement impossible) d’en trouver dans des matériaux installés après cette date, surtout si la toiture est d’origine.
En résumé:
Année de construction Présence probable d’amiante ?
Avant 1985 Très probable
1985–1995 Probable
1995–2001 Possible
Après 2001 Peu probable (mais à vérifier en cas de doute)

Pour en avoir le cœur net, faites appel à un diagnostiqueur amiante agréé pour confirmation. Et ne jamais percer, découper ou démonter une plaque suspecte vous-même.
Que faire en cas de présence avérée d’amiante ?
Il n’est pas obligatoire de désamianté à partir du moment où vous ne faites pas de travaux qui touchent aux matériaux contenant de l’amiante. Les actions à entreprendre dépendent donc de l’état de la toiture :
  • Si elle est en bon état : elle peut être laissée en place, mais doit être surveillée régulièrement.
  • Si elle est endommagée : il est impératif de faire appel à une entreprise spécialisée pour l’enlèvement.
  • En cas de travaux : le retrait de l’amiante devient obligatoire, et doit être confié à un entrepreneur agréé en gestion de l’amiante.
Quel est le prix du désamiantage?
Le désamiantage d’une toiture coute environ 12 à 13€ le m2, auquel il faut ajouter le coût d’évacuation des matériaux contenant de l’amiante (environ 140€ la tonne).
Dans le cadre d’une rénovation totale de la toiture le désamiantage represente environ 7% du coût total des travaux.
Dans le cas d’une vente de bien immobilier, l’amiante est-elle considerée comme un vis caché?
En principe oui, car l’amiante sous sa forme dangereuse est un défaut de l’immeuble qui le rend impropre à l’usage auquel on le destine, ou qui diminuent tellement cet usage, que l’acheteur ne l’aurait pas acquis, ou n’en aurait donné qu’un moindre prix (art.1641 Code civil).
En revanche, si la destination du bien est d’être démoli ou profondément rénové, la présence d’amiante n’empêche pas les travaux et ne nuit pas à la destination prévue.
Mais il faut encore que les conditions suivantes sont réunies :
  • La présence d’amiante doit préexister à la vente.
  • Pour constituer un vice caché, le vice doit être grave. C’est donc seulement l’amiante sous sa forme friable donc dangereuse qui constituera un vice caché. Le principe de précaution ne s’applique pas : il faut que l’amiante soit nuisible pour constituer un vice ou sur le point de le devenir inévitablement. Sa forme incorporée et non diffuse n’est en principe pas un vice caché.
  • L’acheteur doit avoir ignoré ce vice, sinon il est censé l’avoir agréé (art. 1642 Code civil).
  • L’amiante ne devait pas apparaître, le vice doit être caché ; ne constitue pas un vice caché, celui que l’acheteur peut déceler par un examen attentif mais normal immédiatement après la livraison (Cass., 29 mars 1976, R.P.D.B., 1976, I, p. 832). Or l’amiante sous ses formes classiques est apparente (tuiles, tubes, etc.) ou largement prévisible (couche d’isolant thermique), selon l’âge de l’immeuble. Ce n’est donc que l’amiante « surprise » qui constituera un vice caché. A cet égard, ne perdons pas de vue que pratiquement tous les immeubles construits avant les années 80 contiennent de l’amiante.
Conclusion
En Wallonie, comme ailleurs, l’amiante dans les toitures représente un héritage du passé qu’il faut gérer avec rigueur. Grâce aux politiques publiques régionales et à l’information des citoyens, la sortie progressive de l’amiante est en cours. Si vous possédez un bien ancien, il est essentiel de vérifier la présence éventuelle d’amiante dans votre toiture et d’agir selon la réglementation pour garantir la sécurité de tous.
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